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Publié le 24 juin

Fin des subventions "politique de la ville" : les assos de Morlaix interpèlent les candidat·es aux législatives

Depuis plusieurs mois, les associations socio-culturelles et les pouvoirs publics morlaisiens dénoncent cette baisse de subventions qui fragilise l’accompagnement des personnes les plus précaires. Aujourd’hui, ils publient cette lettre ouverte à destination des candidat·es des futures élections législatives.

  • Morlaix, mercredi 19 juin 2024

Chers candidats,

Politique de la ville, quelle place pour les habitants ?

Bonjour,

Suite aux retours négatifs des instances de l’Etat, sur la réintégration de Morlaix dans la politique de la ville, les structures impactées interpellent les candidats aux futures élections.
Le contexte nous oblige à maintenir notre demande. Alors que la crise sociale s’aggrave, que les enjeux devant nous sont énormes, l’envie d’agir est toujours là mais les adhérents, les élu.es associatifs et les équipes professionnelles sont inquiets : ils ne peuvent plus assurer la qualité de leur accompagnement auprès des habitants, quand ils ne sont pas épuisés de devoir faire face à l’absence cruelle de moyens. En cause, un équilibre financier impossible à tenir et un manque de financements pérennes.

La sortie de la politique de la ville aggrave cette situation qui impacte directement les habitants :
moins d’accompagnements pour les enfants, les jeunes, les familles, les personnes isolées et/ou en situation de précarité, baisse d’accès aux droits et des actions de solidarité, moins de lien direct et de médiation dans les quartiers.

Les conséquences sont lourdes et graves :

  • Augmentation du mal être et de la souffrance des habitants : aggravation de la santé mentale des citoyen.nes tout âge confondu (taux de suicides en hausse tout comme les arrêts de travail, les addictions, les violences psychologiques et physiques, les problématiques de logements,…)
  • Augmentation de l’isolement des personnes qui favorise le repli sur soi et toutes les conséquences qui vont avec : peur de l’autre, manque de confiance en soi, difficulté à faire des démarches,…
  • Augmentation du sentiment d’abandon des citoyen.nes
  • Augmentation des inégalités sociales : taux de pauvreté en hausse, écarts entre pauvres et riches en augmentation également, l’accès aux droits qui n’est pas réellement accessible à tous de la même manière tout comme l’emploi qui ne prend pas en compte les situations complexes et les freins multiples cumulés à lever pour accéder à l’emploi,…

Les structures de la ville de Morlaix, et plus largement du Finistère, ne peuvent plus faire le grand écart entre des demandes en termes de lien social, d’urgence sociale, d’animation et de développement social qui ne cessent d’augmenter.

Nous « produisons » de la richesse humaine, sociale et économique garantes de cohésion sociale, de vivre ensemble sur nos territoires avec des projets et missions de prévention et d’accompagnement des personnes.
Il n’existe d’ailleurs pas de personne intrinsèquement sensible, fragile… mais des périodes de vulnérabilité que tout à chacun peut vivre, traverser dans sa vie. C’est le rôle des associations et plus largement des acteurs de la cohésion sociale d’être là pour accompagner en toute dignité toute personne vulnérable quand elle traverse cette période (quel que soit son sexe, son âge, sa religion, son statut social,…)

Nous ne voulons pas que Morlaix, et les associations d’utilité sociale en générale, se retrouvent sans autre alternative que de sombrer dans une approche « tout répressif et tout curatif ». La fin de ces aides signe une remise en cause de toute forme de garantie pour encourager le bien vivre-ensemble, rempart de nos valeurs citoyennes, humaines et républicaines. Nous devons avoir conscience collectivement que ce désengagement de l’État aura un impact sur d’autres associations et services publics comme l’éducation nationale, l’hôpital public ou bien encore la justice.

Nous, adhérents, habitants, associations, demandons instamment aux candidats d’intégrer pleinement dans les débats publics qui s’ouvrent, les questions suivantes :

  • Quelles réponses pouvez-vous apporter sur les conséquences de la sortie du contrat de veille de la ville de Morlaix ?
  • Pensez-vous pouvoir modifier les critères d’éligibilité pour davantage d’équité sur les territoires ?
  • Quelle est votre vision de la mixité sociale pour demain ?
  • Plus concrètement, quelles sont vos propositions en matière de cohésion sociale dans les territoires ?
  • Comment pensez-vous, allez-vous pérenniser les fonds dédiés à la politique de la ville vers le droit commun, par l’attribution de moyens sur le long terme, notamment des subventions de fonctionnement pour les associations ? Les 10 dernières années, les Appels A Projets (AAP) se sont multipliés, renforçant ainsi encore davantage ce sentiment de « politique du guichet ». Du point de vue de nos associations qui agissent sur la durée, cette méthode de financement nous paraît plus que jamais, encore aujourd’hui, aller à l’encontre de nos besoins. Ne serait-ce pas le moment de marquer une volonté de basculer les fonds dédiés à la politique de la ville vers le droit commun ? La pérennité des associations est en jeu.